Refugee Food Festival Marseille

Quelle meilleure manière d’accueillir l’autre que de l’inviter à sa table ? C’est avec ces mots que le Refuge Food Festival présente sa nouvelle édition et expose son concept.

Sensibiliser et informer pour lutter contre les préjugés sur les personnes réfugiées, permettre leur accès à l’emploi dans un secteur de la restauration en pleine mutation, et rassembler autour de la table : voici le programme de cette 7ème édition du Refugee Food Festival.

La nouveauté de cette année : boulangeries, brasseries et pâtisseries collaboreront partout en France avec des artisan·es venus d’ailleurs !

Après une année tristement marquée par la prise de Kaboul en août 2021 et le début de la guerre russo-ukrainienne fin février 2022, le festival culinaire engagé aura cette année une résonance particulière.

De l’étoilé à la cantine de quartier, les établissements locaux ouvriront grand les portes de leurs cuisines pour accueillir ces cuisinier·es et montrer que la cuisine est un puissant outil d’insertion sociale et professionnelle.

« La cuisine est un bon moyen de ressembler les gens. Avec cette initiative, on voit changer le regard sur les personnes réfugiées et casser les préjugé » explique Iris Liberty, coordinatrice de Refugee Food Festival à Marseille.

Une fois assis à une table, l’hôte peut mettre sa culture à l’honneur, bien accompagné par des chefs français. Dans le cadre de ce festival, du 18 au 25 juin, des restaurateurs ouvrent les portes de leur établissement à des réfugiés.
Ce lundi, au Cédrat (6ème), Rita, exilée libanaise, est accompagnée de Maëlyss et de Eric. Ensemble, ils créent un menu complet. « Rita nous a dit ce qu’elle voulait faire, elle nous a fait goûter, nous a appris à faire ses plats et on a ajouté nos touches », explique Maëlyss, chef au Cédrat.

Pour émerveiller les papilles d’une trentaine d’invités, le trio propose une mise en bouche, une entrée, un plat et un dessert.
« C’était excellent », « merci beaucoup je me suis régalé ». Les compliments fusent. Rita s’assoit, visiblement exténuée. « C’est de la bonne fatigue », sourit-elle.

Rita est arrivée en France il y a bientôt 3 ans. C’est la deuxième année qu’elle participe au festival et pourtant ce n’était pas gagné d’avance. « Je ne suis pas une réfugiée. Je n’aime pas ce terme donc j’ai eu du mal à me lancer dans ce projet », raconte-t-elle.
Ancienne assistante de direction chez Biosphère, une enseigne de cosmétique, quand elle vivait au Liban, elle n’avait jamais imaginé de faire de la cuisine son métier. Aujourd’hui la donne a changé. « J’aimerais bien ouvrir un petit kiosque pour faire des falafels et un plat du jour qui changera régulièrement pour faire découvrir la vraie cuisine libanaise ».

Une initiative inspirante
Si les réfugiés ont l’occasion, avec le Refuge Food Festival, de faire découvrir leur culture culinaire au grand public, ils en font profiter en premier lieu les chefs avec qui ils travaillent. Une expérience enrichissante humainement et professionnellement. « Ça nous sort de nos habitudes culinaires et on apprend mutuellement » se réjouit Eric, chef au Cédrat.

En plus des repas proposés dans les treize restaurants partenaires, le Refugee Food Festival continue de mettre en lumière des réfugiés accompagnés par l’association. « On organise des ateliers cuisine, traiteur ou pâtisserie dans des établissements ouverts par des gens passés chez nous », conclut Iris Liberty. Une façon de boucler la boucle.

Tiré de l’article La cuisine pour créer du lien entre les cultures de Arnaud DELAYRE dans La Provence.

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